GP Ouest-France / Jean-Yves Perron

Plouay sourit au "Monde" et pleure son matre

Il s'tait fix un extraordinaire dfi. Vingt-cinq ans aprs avoir pris en mains la destine d'un Grand Prix de Plouay bien moribond, Jean-Yves Perron atteignait son but ! Sa tnacit, sa volont, son imagination, sa passion taient venues bout de tout, l'UCI lui ayant mme manifest une confiance sans borne pour l'organisation des Championnats du Monde de l'an 2000.

Hein Verbruggen, le Prsident de l'Union Cycliste Internationale, ne manque jamais de rappeler combien il avait t pat par cet homme qui, un jour, n'hsita pas le rejoindre en Colombie sur une simple provocation. "Puisque vous tes aussi sr de vous, je vous attends demain mon htel" lui avait-il dit pour mettre fin une conversation tlphonique assez tendue, loin de se douter que son correspondant breton serait au rendez-vous !

Las& cette belle histoire se termine tragiquement et, aujourd'hui, si Plouay sourit au "Monde", tous les plouaysiens pleurent leur matre : Jean-Yves Perron est dcd le 14 fvrier 2000 la suite d'une cruelle et terrifiante maladie. Sans piti, insolente, injuste, elle ne lui a pas laiss le temps de vivre cet "arc-en-ciel"n de ses rves, de son enthousiasme et de son coeur.

Crateur et rassembleur, sa seule ambition tait de promouvoir sa cit, sa commune. Ainsi se plaisait-il entendre son ami Jacques Fourroux citer parfois ses frres du rugby l'exemple de ce petit bourg morbihannais fort de ses cinq mille habitants qui savait attirer chaque anne quelques trois cents mille personnes autour d'un vnement cycliste international.

S'il fut la fois courtis et distingu mais tout aussi cinglant, direct et sans dtour, Jean-Yves Perron n'tait pas du genre regarder derrire lui. Alors, loin devant, attardons-nous sur cet "arc-en-ciel" qui prend dj forme au-dessus de Mnhouarne et souvenons-nous qu'il fut le seul l'imaginer, le couver, le porter& filant de Montauban-de-Bretagne Saint-Men-le-Grand, de Pluduno Saint-Malo, de Saint-Brieuc Carhaix, avec le dsir d'impliquer toute la Bretagne dans son projet.

Bernard Lger
Extrait de "La Lettre des Championnats du Monde" - Numro 2